Enquêtes dans les centres de santé

Après de nombreux aller-retour sur des pistes dans la brousse, des heures interminables à patienter, de laborieux efforts de communication mais surtout des rencontres très intéressantes avec le personnel de santé, j'ai enfin terminé mon travail d'enquêtes dans les centres de santé (pour plus de photos, voir album).
Ce travail dans le domaine de la santé me permet de découvrir un aspect du développement sur lequel je n'aurais pas imaginé travailler en tant qu'économiste. Or la santé reste un des aspects primordial du développement dans la mesure où, avec une population en mauvaise santé, il est difficile pour un pays de se développer économiquement.

Les mutuelles de santé permettent aux personnes indigentes d'accéder à des soins de santé autrement financièrement inacessibles. Ils paient une cotisation en échange de quoi ils peuvent se faire soigner pour un prix minime. C'est le gouvernement qui paie en grande partie la différence. Les mutuelles ont déjà montré un impact très positif sur la santé de la population : plus grande fréquentation des formations sanitaires et moins de maladies graves (car les gens viennent se faire soigner à temps). Un principe simple en soi mais qui n'est pas toujours bien compris par la population. Les personnes ne veulent généralement pas cotiser tant qu'elles ne sont pas malades. De même les personnes qui ont cotisé, et qui ne sont pas tombées malades pendant l'année, viennent se faire subitement soigner au mois de décembre. Une façon pour eux de rentabiliser leur cotisation :-)

Travailler dans le cadre de la CTB (Coopération Technique Belge) permet aussi de réaliser à quel point il n'est pas facile pour le gouvernement d'un pays en voie de développement de se positionner face à tous ses bailleurs. Chacun vient avec ses idées, ses contraintes et son modèle de développement sans nécessairement tenir compte des politiques du pays. Dans notre projet par exemple la concurrence avec d'autres bailleurs en mine légèrement l'efficacité. Notre projet vise à améliorer la qualité des soins de santé de façon globale et ce, en concordance avec les priorités nationales. Mais quand des américains débarquent avec des budgets 10X plus importants et des priorités différentes (ils ont décidé de lutter contre le Sida presque uniquement), on peut comprendre que le personnel de santé soit tenté (incitant financier à l'appui) de se focaliser sur ces activités au détriment de la santé globale de la population...

Il est aussi parfois difficile d'accepter que les meilleurs solutions imaginées ne soient pas toujours applicables à la réalité du terrain. Que ce soit des contraintes de terrain soit.. mais quand c'est la rigidité des bailleurs qui empêche d'appliquer un modèle plus approprié, c'est beaucoup plus frustrant...